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Le charbon contre le corail

Sur 2 600 km de long un monde sous-marin émerge au large de la côte occidentale de l’Australie. Du monde entier, touristes comme plongeurs viennent s’émerveiller des splendeurs de la Grande Barrière de corail. Des centaines de petites entreprises vivent peu ou prou de cette attraction. Tous les jours des bateaux emmènent leurs fournées de curieux pour un plongeon dans une mer où des poissons aux couleurs de l’arc-en-ciel voisinent avec des coraux aux multiples couleurs. Pour combien de temps encore ? Car des appétits bien étrangers à ces merveilles mettent en danger cette merveille classée aux patrimoines de l’humanité par l’Unesco.

Le charbon en Galilée

Il ne s’agit pas de la région de la Palestine, mais de l’endroit où, en Australie, se trouve l’un si ce n’est le plus grand gisement de charbon thermique au monde. Ce bassin couvre 247 000 km2 (surface de la France métropolitaine : 502 000 km2). La Galilée australienne se trouve dans le Queensland, à proximité de la Grande Barrière. Ce voisinage est un problème pour la commercialisation vers l’étranger ce charbon. Pas un très gros problème. Il suffit de percer cette barrière et d’établir un port pour permettre aux immenses bateaux de matières premières de venir faire le plein de ce charbon à destination de l’Asie essentiellement. Pour que cela marche il va falloir construire une nouvelle ligne de chemin de fer de 500 km de long et surtout creuser un chenal, c’est-à-dire déplacer quelques cinq millions de tonnes de sédiments marins qui seraient déversés sur ou à proximité de la Barrière de corail, en entrainant sa mort, évidemment. Tout cela avec la bénédiction du gouvernement. Car celui-ci vient de changer. Un parti chassant l’autre, les travaillistes se sont fait sortir par le parti libéral dirigé par Tony Abott. Il faut dire que chez les travaillistes, un groupe n’aimait pas être dirigée par une femme, Julia Gillard, assez sensible aux sirène environnementalistes. Abott quand à lui est cul et chemise avec les grandes industries locales, essentiellement minières et dépend au parlement d’un parti créé de toute pièce par un magnat de l’industrie, Clive Palmer, le Palmer United Party. Son argument de base est de nier toute réalité aux problèmes environnementaux.

Les gros sous du charbon

A qui appartient ce gisement de charbon ? Parlons gros sous et jeu du bonneteau, puisqu’entre les gros, y a pas de cadeau à se faire. Vous n’avez certainement jamais entendu parler de Georgina Hope Rinehart. elle a hérité de son papa quelques bricoles. Il était considéré comme le plus riche citoyen d’Australie. Il avait fait fortune dans le minerai de fer, pas comme mineur bien sur. Mort en 1992 il laisse à sa fille de quoi vivre suffisamment pour qu’elle devienne en 2010 milliardaire. Elle posséderait aujourd’hui 13 milliard de dollars. Donc cette dame a décidé en septembre 2011 de vendre les avoirs qu’elle possédait dans le gisement de Galilée à une entreprise indienne nommée GVK pour 1,26 milliard. Le charbon produit là, a pour nom charbon thermique, puisqu’il sert essentiellement aux centrales électriques. Au moment de la vente la tonne de ce produit valait 120$. Mais cela n’a pas duré. En 2012, il avait perdu plus de 25%. il s’affiche aujourd’hui autour de 74$ dollars la tonne. C’est pour partie la faute aux défenseurs de l’environnement. En privilégiant la production alternative d’électricité ils portent atteinte aux intérêts économiques de beaucoup de monde. Mme Rinehart a de son côté bien tiré son épingle du jeu. Elle va pouvoir continuer à investir dans les « charities » au Cambodge, orphelinat de filles, et lutte contre l’exploitation sexuelles des femmes et enfants.

Et la France dans tout cela ?

Pas impliquée en tant que telle, évidement ! Mais une de ses banques bien connue a été chargée de chercher des investisseurs intéressé par cette mine. Devant la baisse régulière du prix charbon, les associés locaux au projet ont retirés doucement leur billes. Rio Tinto, a montré l’exemple. Puis BHP Billiton qui est le numéro un du monde du point de vue minier et enfin au mois de février de cette année une entreprise choisie par le gouvernement local du Queensland a jeté l’éponge. Il reste deux compagnies indiennes dont GVK qui selon certaines sources n’aurait pas les fond nécessaire pour finir de payer ce qu’elle doit à Madame Rinehart. C’est là que la Société Générale rentre en scène avec une projet nommé Alpha Coal. Il faut trouver de l’argent ! Une campagne en France pour s’opposer à cette implication a été lancée par les Amis de la terre. En Australie même les plaintes déposées en justice par l’association locale écologiste Coast and Country ont été reçues favorablement par un tribunal foncier local, mais la décision n’est pas impérative, le gouvernement du Queensland étant favorable au projet.

Celles et ceux qui seraient intéressés par cette histoire peuvent participer à l’action de déverser quelques tonnes de charbon devant le siège de la Société Générale en allant sur ce site web http://www.bizimugi.eu/fr.

Pierre Sommermeyer