Les années 1989/2001 ont marquées un basculement particulièrement important sur le continent africain.
Basculement qui nous échappe la plupart du temps, enfermés que nous sommes dans une vision européo-centriste du monde.
Le 11 février 1990, quatre mois après la chute du mur de Berlin, Nelson Mandela est libéré. Le dirigeant du moment, Willem De Klerk, qui restera comme celui qui a permis la transition tranquille, met fin à l’Apartheid. L’Afrique du Sud va alors entamer ce que beaucoup d’Africains considèrent comme sa mission historique, c’est-à-dire donner une impulsion décisive à l’Afrique noire.
Dans les années qui suivent, les rebelles arrivent au pouvoir. Museweni en Ouganda, Kagame au Rwanda, Kabila au Congo ex-Zaire. En Angola, c’est le début de la fin pour Jonas Savimbi qui menait une guérilla contre le pouvoir de Luanda avec le soutien des États- Unis et de l’Afrique du Sud raciste. Il devra en 1994 signer un accord en Zambie. Son échec électoral peu après le pousse à reprendre les armes, il sera tué en 2002.
Au Mozambique, la guérilla soutenue par les États-Unis et l’Afrique du Sud, qui avait comme but d’attaquer les arrières de l’ANC, est obligée d’abandonner le combat, un cessez-le-feu est signé en 1992. Une nouvelle puissance continentale est née.
Le centre de gravité du continent noir n’est plus extérieur, en France ou ailleurs, mais il est enfin africain.
Deux zones d’influence se dégagent, celle qui correspond à l’ancien empire bantou avec Johannesburg comme capitale, c’est une zone qui s’étend des Congo au Kenya et vers le sud, l’autre qui regroupe la zone africaine occidentale, l’ancien empire du Bénin, soudano-nilotique avec les villes d’Accra et de Lagos comme capitales.
Une zone échappait encore à cette distribution. il s’agit de la zone nilotique qui englobe la corne de l’Afrique de l’Éthiopie et le sud du Soudan vers la Somalie. Mais avec l’offensive éthiopienne de ces derniers mois contre le groupe militaire appelé "les tribunaux islamiques" l’ordre traditionnel est en train de reprendre pied dans cette région de l’Afrique.
Deux points de tension perdurent :
Le Darfour, qui est non seulement le champ d’exactions, d’horreurs et probablement de crime humanitaires, mais se trouve surtout à un point nodal de conflits entre le monde musulman blanc et le monde musulman noir.
L’autre zone d’insécurité est la Côte d’Ivoire ou la France se bat pour ne pas laisser ce pays tomber sous la coupe de l’Afrique du sud. il suffit de se rappeler les propos tenus l’un envers l’autre par Chirac et Mbecki le Président sud Africain.
La proximité du Nigéria, incapable de maîtriser l’argent issu de l’or noir, est un facteur aggravant dans cette crise.
C’est dans ce cadre que l’apparition, l’irruption de la Chine, pays sans passé colonial, est à prendre au sérieux. Il marque l’affaiblissement inéluctable des vielles influences européennes.