La campagne de mobilisation de différentes ONG françaises en faveur du peuple palestinien et pour la paix devrait culminer avec un grand rassemblement qui se tiendra à Paris le 17 mai 2008.
Le premier texte du dossier que nous présentons propose une réflexion sur les perspectives qu’offrirait l’abandon de la violence par les Palestiniens. Jean-Marie Muller, porte-parole national du Mouvement pour une alternative non violente, tente donc à cette occasion une analyse de la situation au Moyen-Orient. Son texte était trop long pour être publié intégralement dans notre hebdo, et c’était le trahir que de le saucissonner et d’en extraire délibérément un certain nombre de phrases. Nous l’avons fait avec l’accord de Jean-Marie. Les lecteurs pourront cependant le consulter en son entier sur le site .
Le deuxième texte, de notre cru, met l’accent sur un aspect de la culture politique palestinienne connu, mais peu mis en avant : la laïcité dans la démocratie.
Vouloir la paix entre les peuples est de bonne intention. Négliger l’appétit du pouvoir qui caractérise les combattants masque un aspect important de la situation que Jean-Marie Muller ne dévoile pas suffisamment à notre gré. Car, avec la volonté de décolonisation violente qui caractérise l’action présente des Palestiniens, se mettent en place les forces militaires et policières d’un futur Etat palestinien, et nous assistons à une lutte, les armes à la main, entre un Hamas religieux et un Fatah corrompu pour en prendre la tête, les mécanismes pacifiques de la démocratie n’ayant pas fonctionné. Il nous paraît que l’analyse serait plus complète en tenant compte de cet aspect des choses, déjà bien montré par ce qui s’est passé en Algérie lors de son indépendance : ce sont les hommes en armes qui prennent le pouvoir politique et économique et qui imposent leur vision.
De son côté, l’Etat israélien, surpuissance occidentale installée au cœur du monde arabo-musulman, joue un rôle de bastion avancé face à la menace, vraie ou instrumentalisée, d’un Islam intégriste en expansion.
La paix a peu de chances face à la passivité complice des démocraties occidentales et face à la force de nuisance des dictatures arabes ; l’intervention plus que minoritaire des pacifistes israéliens, des solidaires internationaux et, il faut le souligner, le surgissement d’une action non violente palestinienne (Bil’in), sont encore trop faibles pour être efficaces et enrayer la machine infernale.
Nous suivons ainsi avec intérêt toutes les démarches de résistance qui ne portent pas en elles de nouvelles oppressions. Les Tibétains, opposés à l’impérialisme chinois, avec l’appui remarquable des manifestations internationales de solidarité, à l’occasion de la tenue des JO, retiennent notre attention. Mais bouddhisme et islam, qu’on ne peut pourtant pas mettre sur le même plan, peuvent-ils pour autant accepter une laïcité vivante ? Telle est la question à se poser, le parti à prendre devant toujours être celui de la liberté.
André Bernard – Pierre Sommermeyer