Dans cette société où, scrutin après scrutin, hommes et femmes se pressent pour choisir leurs nouveaux maîtres, on peut se demander quelle est l’influence des idées qui nous animent et quelle est la meilleure façon de les faire passer. A la longue, nous pouvons quand même constater qu’elles finissent par s’inscrire dans le présent. Des paroles, des actes surtout, franchissent le mur du silence et font trace dans l’Histoire.
C’est le cas par l’intermédiaire d’une série d’émissions réalisées par la branche culturelle de la radio nationale et consacrée au pacifisme. Quatre matinées à la suite traitèrent de cette idée pour laquelle les anarchistes ont beaucoup donné. La partie qui a été consacrée aux années 1955-1970 ne néglige pas notre présence dans la lutte en donnant la parole à ceux qui à cette époque ouvraient ainsi des perspectives d’espoir.
C’était le temps de la guerre d’Algérie, une guerre coloniale. Il ne s’agissait pas de trouver la solution définitive au problème de la guerre, il faudrait une révolution pour cela, et quelle révolution ! Il ne s’agissait que d’une résistance au scandale du moment.
Cette émission a montré, malgré toutes les critiques que nous pouvons lui faire, et le faible espace à nous consacré, que le bon combat était du côté de ceux qui refusaient cette guerre. Ils n’étaient pas tous anarchistes, loin s’en faut, mais tous ils avaient pris la décision de ne pas y participer et de payer ce refus par la prison.
Trop vieux pour être appelé sous les drapeaux, un anarchiste de longue militance (il s’agit bien sûr de Louis Lecoin), chargé d’années de prison pour son combat pacifiste, décida de les en sortir. Il ne s’agissait plus d’un refus de sa part, mais d’un engagement.
Présentement, quand nous nous interrogeons sur notre efficacité, rappelons que Louis Lecoin, sans violence aucune, fit céder le pouvoir militaire, judiciaire et civil. L’entendre sur les ondes nationales dire à nouveau, comme s’il était toujours vivant, « guerre à la guerre » ne laisse pas de nous étonner et de nous émouvoir.
Entendre des réfractaires, des objecteurs, des insoumis, un avocat et même une veuve de général prôner la désobéissance civile et la non-violence comme moyen de lutte, de confrontation avec le pouvoir montre un chemin à prendre.
Au moment où dans les grandes manifestations comme celles qui ont eu lieu autour du G8 à Rostock la question du type d’intervention se pose, cette émission nous rappelle qu’il y a des techniques que les anarchistes peuvent employer sans gêne et qui peuvent parfaitement convenir aux éternels minoritaires que nous sommes.
Les curieux pourront encore trouver cette émission dans les archives de Radio France. Mais des amis ont décidé de conserver ces témoignages à fin de les mettre à disposition de tous. On les trouvera sur le site « Anarchisme et Non-violence 2 », et cliquer sur « Ecouter » probablement encore ailleurs comme àstudio-qooq.com/upf/.
Bon plaisir !
Pierre Sommermeyer