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Les racines de l’antisémitisme antique

En 1895 Théodore Reinach publie à Paris un livre intitulé :

"Textes d’auteurs grecs et romains relatifs au Judaïsme".

Cet ouvrage rassemble toutes les traces écrites entre 300 avant J.C et 400 après J.C. concernant le peuple juif et la Judée. Il s’agit d’auteurs de l’antiquité et du début de l’ère chrétienne, de langues grecques ou latines. Nous nous trouvons devant une sorte de catalogue de récits de voyages, de réflexions métaphysiques,de recherches historiques et de choses diverses. Beaucoup de ces écrits ne nous sont connus qu’à travers les citations de citations faites par des tiers..On trouve par exemple dans ce cas, Josèphe, historien juif, qui cite dans son texte ’un auteur reprenant la citation d’un autre.

Après avoir lu cet ouvrage ,nous avons centré notre réflexion de la façon suivante : qu’ est-ce que les anciens pensaient des Juifs ? Nous avons tenté de voir s’il existait un discours structuré sur les Juifs, quelle forme il prenait, quels étaient ses arguments, sans poser le problème des sources. Nous avons conservé un déroulement chronologique aux citations afin de pouvoir nous rendre compte s’il y avait évolution au cours du temps. Tout ce qui relève de la description géographique et botanique de la Judée a été laissé de côté. Point n’est besoin dans l’optique définie plus haut, de rappeler l’étonnement de tous devant la Mer Morte, ni de débattre de la culture du baumier.

Ce qui frappe dès la première lecture ,c’est le nombre de récits portant sur les origines du peuple juif. C’est ce qui constituera la première partie, ensuite nous aborderons le regard des anciens sur les rites hébreux réels ou inventés puis nous nous demanderons comment un tel discours est motivé.

Le récit des origines

Dans toutes les civilisations, les origines sont l’objet d’un discours mythique. La nature des fondateurs a une répercussion sur le statut et l’imaginaire des peuples. Etre les descendants de Romulus et Rémus etait pour les Romains un héritage dont il fallait se montrer digne, il en était de même pour les Athéniens protégés par la déesse Athéna. Plus grand est notre ancêtre, plus grand nous sommes .Est-il besoin de rappeler qu’au Moyen Age, la France passait pour avoir été fondée par des rescapés de la guerre de Troie ? Le mythe des origines est le début du discours nationaliste. Dans ce contexte ce que disait les anciens des origines du peuple Juif est déterminant.

Malades, envahisseurs étrangers et félons
,Le premier texte dont nous disposons date du III° Siècle avant J.C., il a été écrit par Hécatée d’ Abdère, philosophe et historien, qui vécut en Egypte et composa une histoire de ce pays. Ce récit a été rapporté par Diodore de Sicile et le texte a été conservé par Photius.

Hécatée rapporte qu’une maladie pestilentielle s’était déclarée en Egypte, alors pleine d’étrangers qui pratiquaient des religions particulières au détriment de la religion nationale. Pour calmer la colère de la divinité qui se manifestait ainsi, on décida de les expulser". Les plus vaillants et les plus distingués furent jetés en Grèce ,mais la masse émigra en Judée qui était alors déserte. Il y avait à leur tête Moses, plein de sagesse et de courage." Les trois point forts de ce récit vont rester tout au long des textes que nous allons examiner. Il s’agit des maladies ,des étrangers et de l’expulsion. On retrouve ces données dans la version juive du récit de l’Exode : les Juifs en Egypte sont des étrangers, il y a ensuite les Plaies puis la fuite. Ces trois points vont être traités de nouveau mais sous des angles très différents.

Le texte suivant est l’oeuvre d’un prêtre hellénisé d’ Egypte, Manéthon, et nous a été conservé par l’historien juif Josèphe. Il est un peu plus récent que celui d’ Hécatée. Les étrangers du récit précédent, sont devenus des envahisseurs féroces. Ils ont pour nom Hicsos, de Hyc roi en langage sacré, et de Sos, pasteurs. Ils prennent le pouvoir à Memphis et fondent une dynastie. Ils ont une ville sainte Avaris .Cinq cent onze ans plus tard, ils sont vaincus et sont obligés de s’ enfermer dans cette ville. Assiégés, ils négocient leur départ vers la Syrie et y fondent Hierosolyma. C’est la première version de Manethon qui, selon Josèphe en aurait rajouté une autre. Un roi ,Aménophis, désirant voir les dieux, demanda conseil à un prêtre qui lui enjoignit pour cela de purger son pays des lépreux et autres impurs. Le roi les fit enfermer dans des carrières avec des forçats. Plus tard, pris de pitié, le roi les délivra et leur donna Avaris qui était déserte. Là, les impurs se révoltèrent, appelèrent à l’aide les pasteurs chassés précédemment et le roi fut exilé pendant treize années. A la tête d’ Avaris, il y avait un prêtre nommé Osarsiph,(d’après le dieu Osiris) qui prit par la suite le nom de Moses. Amenophis et son fils Ramsès revinrent et les chassèrent en Syrie. Cette fois le trajet a lieu en trois temps : exclusion, retour des premiers expulsés, puis nouvelle expulsion. Les étrangers sont devenus des envahisseurs et rejoignent dans la deuxième version les lépreux et les impurs. Moïse est devenu un prêtre retors.

Le texte suivant a été écrit plus d’un siècle plus tard ,vers 100 avant J.C. par Posidionos d’Apamée philosophe stoïcien, historien vivant à Rhodes. Voici ce qu’il raconte : "les Juifs impies et haïs ont été chassés d’ Egypte couverts de lèpre et de dartres, puis ils avaient conquis Jérusalem et avaient perpétué la haine des hommes".

A la même époque, Chéremon d’Alexandrie, un des maîtres de Néron et dirigeant de la Bibliothèque d’Alexandrie écrit ce qui suit ,toujours rapporté par Josèphe : Le roi Amenophis avait eu un songe où Isis lui reprochait d’avoir détruit son temple. Il dut pour être délivré de ce reproche purger l’ Egypte des impurs. Il en prit 250 000 avec à leur tête les scribes Moïse (Tisithen) et Joseph (Peteseph) et les expulsa. Ces impurs allèrent à Péluse (?), y trouvèrent 380 000 hommes laissés là par Amenophis et attaquèrent l’Egypte de concert. Le roi se cacha et son fils Ramsès rejeta plus tard en Syrie les Juifs au nombre de 200 000. Les chiffres indiqués semblent donner une valeur historique précise au récit qui met en scène des impurs ,expulsés vindicatifs ,envahisseurs puis enfin battus et de nouveau expulsés.

Lysimaque d’Alexandrie un contemporain ajoute à cette histoire d’autres éléments. Le peuple Juif malade de la gale et de la lèpre s’était réfugié dans les temples pour y mendier. Leur maladie gagna l’ Egypte et y amena la stérilité. Le dieu Amon dit par la voix de ses oracles qu’il fallait noyer les malades. Ce qui fut fait. Les autres (qui ?) dit Lysimaque furent transportés au désert et abandonnés sous la conduite de Moïse qui les exhorta à ne se montrer bienveillants pour personne .Ils conquirent la future Judée et fondèrent Hiérosyle c’est à dire sacrilège.

Puis vint Apion célèbre grammairien de la première moitié du premier siècle après J.C. Il fut l’avocat des Alexandrins contre les Juifs. C’était un érudit, spécialiste d’Homère. Il a écrit une histoire d’ Egypte et il aurait aussi écrit un pamphlet contre les Juifs d’Alexandrie. L’ historien juif Josèphe répondit à ces attaques par un célèbre "contre Apion". Ce grammairien dit que Moïse, originaire d’Héliopolis, emmena avec lui les lépreux, les aveugles et les boiteux.

Celse, philosophe platonicien du milieu du II° siècle, pense que les Juifs sont d’origine égyptienne et ont été chassés pour sédition contre l’ Etat. Ils n’ont jamais rien fait de marquant. Ils ont tenté de faire remonter leur généalogie à la première famille d’imposteurs et de vagabonds.

Trogue Pompée qui écrit en latin au début de l’ ère chrétienne est d’origine gauloise et écrit une histoire universelle. Pour lui les Juifs sont originaires de Damas .Fondée par Damascus la ville eut quatre rois : Azelus, Adonis, Abraham et enfin Israël qui eut dix fils, qui donnèrent leurs noms aux dix tribus d’Israël. Suit l’histoire de Joseph vendu par ses frères en Egypte qui eut là un fils nommé Moïse, qui fut chassé hors d’Egypte, par les Egyptiens affligés de la gale et de la lèpre. Moïse emporta avec lui des images sacrées égyptiennes que les Egyptiens ne purent reconquérir, obligés qu’il furent par la tempête de rebrousser chemin. et Moïse retourna alors en Damascénie.

A propos de Moïse trois auteurs rapportent que son surnom fut Alpha ce qui signifie le dartreux ,car son corps était recouvert de dartres :alphoi.

Tacite fait le point sur l’histoire de l’origine des Juifs et nous finirons par lui. Il est consul en 97 ses écrits sont édités entre 104 et 115 .Les Juifs d’après lui ont fui l’ ile de Crète et s’établirent aux extrémités de la Lybie à l’époque où Saturne chassé par Jupiter abdiqua ses Etats. Le nom judéen vient de Idéen qui lui vient du Mont Ida célèbre dans cette île. Sous le règne d’ Isis la multitude qui pullulait en Egypte se déversa alentour, avec comme chefs Moses et Juda. Selon Tacite beaucoup de lettrés voient dans les Juifs soit des Ethiopiens soit des émigrants assyriens. Il rajoute que selon d’autres, les Juifs sont des descendants des Solymes chantés par Homère qui auraient bâti une ville appelée Hiérosolyma. Pour Tacite la majorité des auteurs s’entendent pour dire que l’ Egypte ayant été infectée par la lèpre le roi Bocchoris (nom d’un roi légendaire) ayant consulté les oracles, rassembla les malades et les abandonna dans le désert où sous la direction d’un des leurs, Moïse, ils allèrent en Judée.

Nous sommes bien ici devant un discours qui tout au long de l’antiquité vise à écrire une version repoussante de l’ histoire des Juifs . A ceci les anciens ajoutent leurs descriptions des rites religieux juifs.

Les rites

.Nous en avons retenu quatre, deux réels : la circoncision et le sabbat, et deux imaginés : l’adoration de l’âne et le meurtre rituel. Encore une fois, nous n’avons pas tenté de comprendre ni de vérifier la véracité de ce qui est dit. Ce qui est important est que des lettrés, des savants et des historiens aient cru à tout cela.

La circoncision

Hérodote le premier rapporte que la circoncision existe dans beaucoup de pays ,elle est pratiquée par les Syriens, les Phéniciens et les Egyptiens. Ce que reprend Diodore de Sicile, trois siècles plus tard qui voit dans la circoncision la preuve de l’origine égyptienne des Juifs. Le pseudo Acron au II° siècle prétend que c’est Moïse qui étant circoncis et ne voulant pas être remarqué fit en sorte que tous les Juifs le soient.

Straton d’Amasée (60 av. 25 ap. J.C) dit que la circoncision fut imposée par des hommes superstitieux et tyranniques ayant accédé au sacerdoce.

Apion, selon Josèphe tourne en ridicule cette pratique. Celse au II° siècle reprend ce que dit Hérodote à ce propos.

La circoncision qui pour le Juif est le symbole même de l’indélébilité et de l’incarnation de l’alliance n’est pour les autres que quelque chose de commun ou de ridicule. Le sabbat, lui, apparaît comme quelque chose de plus surprenant .

Le sabbat

Agatharchide de Cnide (II° Siècle av. J.C.) parle de superstition à propos du repos du septième jour. Il est le premier à faire part de son étonnement à ce propos. Que les Juifs aient l’habitude de se reposer le septième jour, soit ,mais que lorsque ils sont assiégés ,comme par exemple par Ptolémée en 320 av. J.C. et que au lieu "de veiller aux remparts les habitants de Jérusalem se livrent à leur sotte pratique" cela devient incompréhensible ; car la conséquence de cela c’est que leur patrie dut se soumettre à un maître tyrannique. Dion Cassius (150/235 ap. J.C.) raconte la même histoire, lors de la prise de Jérusalem par Pompée en 63 av. J.C.. puis par C.Sosius sous le pouvoir d’Antoine vers 38. Dion fixe la destruction du Temple par Titus le jour de Saturne, donc le samedi.

Pour Apion l’origine du Sabbat remonte à la fuite d’Egypte où les Juifs marchèrent six jours et furent alors atteints de tumeurs à l’aine, et se reposèrent alors le septième jour. Ils donnèrent à ce jour le nom de sabbat en souvenir de Sabbatôsis, ce qui pour les Egyptiens signifie "mal à l’ aine".

Plutarque de Chéronnée (historien du II° siècle après J.C.) reprend l’idée de superstition toujours en rapport avec le siège de Ptolémée. Pourtant le même historien avance la chose suivante : "la célébration du sabbat n’est pas non plus entièrement étrangère à Bacchus" et pour lui toutes les fêtes juives, peut être en ce qu’elle lui semblent incompréhensibles relèvent de l’adoration du dieu de la vigne. A propos de la "Fête des Tabernacles il dit "Ils entrent dans le Temple mais on ignore ce qu’ils font ,mais il est vraisemblable qu’ils y célèbrent quelque bacchanale" et il continue sa démonstration avec force exemples à l’appui.

Ovide lui invite à commencer une cour à une nouvelle maîtresse le septième jour car c’est un jour triste et inoccupé.

Sénèque, au début de nôtre ère, condamne fermement le sabbat, c’est dit il "une pratique nuisible parce que demeurer chaque septième jour sans rien faire , c’est perdre la septième partie de sa vie"

Tacite dit qu’ après avoir vu les ânes ,les Juifs marchèrent six jours et le septième ils occupèrent les terres dont ils chassèrent les occupants et y fondèrent un temple et une ville.

Après une circoncision jugée commune et ridicule, puis le sabbat trouvé scandaleux, nous allons aborder le problème des rites hébreux imaginés par les anciens.

L’âne

L’apparition du thème de l’âne dans le discours des anciens sur les Juifs, a lieu vers le deuxième siècle avant J.C. selon les sources dont nous disposons. C’est toujours Josèphe qui apportant la contradiction à Apion rapporte l’anecdote que raconte Mnasée de Patras "C’était il y a fort longtemps quand les Juifs et les Iduméens se faisaient la guerre ".Un homme construisit à sa taille une machine du type du cheval de Troie, il y ajouta des lumières, effraya les Juifs ,entra dans le temple d’où il enleva la tête de baudet en or qui y était.

Environ à la même époque Damocrite qui était historien, écrivait que les Juifs adoraient une tête d’âne en or. Que faisait elle là en cet endroit ? Apion reprend lui aussi cette histoire mais cette fois c’est lors du "pillage du temple (168 av. J.C.) par Antiochus Epiphâne que l’on découvrit cette tête d’ âne fabriquée en or". Antiochus fit une autre découverte ; mais de cela nous parlerons plus loin dans le paragraphe concernant le meurtre rituel.

Posidionos d’ Apamée au I° siècle av. J.C. rapporte qu’’ Antiochus entra dans le Saint des Saints, y trouva une statue d’un homme monté sur un âne ,tenant un livre à la main. Il pensa qu’il s’agissait de Moïse."

Plutarque de Chéronée reprend cette histoire d’âne en semblant la réfuter. "Ceux - dit il - qui racontent qu’ après la bataille, Typhon monté sur un âne, s’enfuit pendant sept jours et que une fois sauvé , il engendra deux fils, Hiérosolyme et Juda, mêlent évidemment à la fable égyptienne des histoires juives". Plus loin il dit à travers un de ses personnages "les Juifs honorent l’âne qui leur a fait découvrir une source d’eau" de même "s’ ils s’abstiennent de manger du lièvre c’est à cause de sa grande ressemblance avec l’animal qu’ ils honorent le plus, car le lièvre a tout l’aspect d’un âne".

Nous finirons une nouvelle fois avec Tacite qui affirme que lors de l’Exode les Juifs "près de périr (par manque d’eau) s’étaient couchés de toutes part dans la campagne lorsqu’on aperçut un troupeau d’ânes sauvages qui revenant de paître fuyaient vers un bois touffu" , Moïse les suivit et découvrit d’abondants filets d’eau et ils furent sauvés

Le respect par les Juifs d’une certaine hygiène de nourriture a tout autant choqué leurs contemporains donnant lieu à des appréciations de ce style "quant à la viande du porc les Juifs l’ont proscrite parce que comme tous les barbares ils redoutent pardessus tout la lèpre et la gale à moins que ce ne soit par respect pour cet animal"

L’ idée que les Hébreux ne puissent avoir aucune représentation de leur divinité, devait être quelque chose d’ insupportable pour leurs contemporains qui tentèrent de combler le vide. Il est néanmoins intéressant de noter que le portrait d’un homme ,monté sur un âne avec un livre, fut repris bien plus tard pour représenter le fils de ce dieu sans image.

Le meurtre rituel

Damocrite raconta aussi que les Juifs une fois tous les sept ans sacrifiaient dans le temple un étranger capturé.

C’est le plus ancien récit d’un meurtre rituel attribué aux juifs. Il faut remarquer à ce propos que Damocrite de culture grecque a probablement entendu parler des rituels athéniens lors de la fête des Thargélides et de l’exclusion qui pouvaient être sanglante des deux pharmakoï. Antiochus Epiphâne, selon Apion, découvrit dans le temple un homme allongé sur un lit au milieu de vivres. Il avait été capturé, mis à l’ isolement et gavé par des étrangers(à lui). Il avait appris que "c’était la loi des Juifs de capturer un Grec, ils l’engraissaient pendant une année puis le conduisaient dans une forêt où ils l’immolaient ,son corps était sacrifié selon les rites prescrits et les Juifs, goûtant de ses entrailles, juraient de rester les ennemis des Grecs".

Les raisons d’une mauvaise réputation

Dès le premier texte sur l’origine des Juifs, un certain malaise surgit.La façon dont les rites juifs sont considérés ou déformés et parfois même imaginés, pose question. Pour quelles raisons ces hommes sensés ont ils pu écrire tout cela. Qu’est ce qui était en jeu ?

Les anciens s’expliquent eux mêmes sur les raisons qui les ont amené à produire un tel discours. Hécatée au III° siècle dit que Moïse établit les rites et les coutumes qui étaient entièrement différents de ceux des autres nations. Chez Posidionos d’Apamée au I° siècle ,cette différence devient un refus d’avoir aucun rapport de société avec les autres peuples et les considérer comme des ennemis. "bannis d’Egypte ils avaient perpétué chez eux la haine des hommes".

Celse au IIème siècle dit que les Juifs "s’enorgueillissent d’une sagesse supérieure et dédaignent la société des autres hommes".

Dion Cassius (III° ap. J.C.) dit "ces hommes se distinguent du reste de l’humanité par tout leur genre de vie mais particulièrement en ce qu’ils honorent aucun des autres dieux ".

Trogue Pompée ( I°siècle de notre ère) donne une explication à cette mise à l’ écart. Le souvenir de leur expulsion due au risque de contagion,crée en eux la crainte que la même cause les rendit odieux aux indigènes et en conséquence ils interdisent toute communication avec les étrangers, de cela Moïse fit une règle et une institution religieuse.

Sénèque (I°siècle ap. J.C.) dit "cependant les pratiques de cette nation scélérate ont si bien prévalu qu’elles sont reçues dans tout l’univers. Les vaincus ont donné des lois aux vainqueurs".

Tacite affirme que les Juifs ont une "commisération active qui contraste avec la haine implacable qu’ils portent au reste des hommes". D’après lui, Antiochus avait entrepris de leur donner des moeurs grecques pour réformer ce "peuple exécrable".

Nous terminerons avec Rutilius Namatianus. Il s’agit d’un poète et fonctionnaire d’origine gauloise qui vécut sous les fils de Théodose. Son livre est daté de 416.

Lors de son voyage à Rome, il rencontre au hasard d’une promenade, un "Juif hargneux" qui l’apostrophe pour de menus dégâts par lui et ses compagnons commis. Voici la réponse de l’auteur : "Nous lui répondons par les injures que mérite son ignoble race, nation éhontée qui pratique la circoncision, qui est devenue la racine de toutes les sottises, qui célèbre de toute son âme la fête si froide du sabbat, mais dont l’âme est encore plus froide que sa religion : passer dans une honteuse oisiveté un jour sur sept, à l’imitation de son dieu fatigué.

Plût au ciel que la Judée n’eut jamais été soumise par les guerres de Pompée et les armes de Titus ! Le mal déraciné étend d’autant plus sa contagion et la nation vaincue opprime ses vainqueurs. "

Le Juif est différent, orgueilleux, ne veut avoir de relation avec personne. Voilà ce que nous apprenons et voilà pourquoi on le rejette et on en pense pis que pendre. Parfois, pourtant certains auteurs ont reconnu que les Juifs étaient très intelligents, qu’il n’y avait que deux sagesses, celle des brahmanes des Indes et celle des Juifs de Judée. Certains disaient que Pythagore avait tout emprunté aux Juifs. Mais de tout cela il ne reste rien devant "leur haine des autres hommes"

Conclusion

Il faut se rendre à l’évidence le peuple juif n’est pas aimé par les lettrés de l’antiquité. La façon dont ces derniers pensent l’origine des Hébreux, dont ils décrivent les rites réels où imaginés et dont ils expriment l’ animosité à leur égard, oblige à avancer une raison qui peut nous paraitre évidente aujourd’hui et qui est sous jacente dans le discours des anciens. Le mode religieux juif met en péril la communauté antique. Cette dernière est basée culturellement essentiellement sur une tolérance religieuse. S’ il y a une hiérarchie dans les dieux, il n’y a pas de négation des dieux locaux mais une intégration dans le panthéon .Les Romains n’auraient pas demandé mieux que d’accueillir dans leur temple le dieu des Juifs. Mais IWH est un dieu jaloux. Ainsi le monothéisme apparaît comme un facteur de désagrégation du monde civilisé. Il n’ y aurait qu’une seule divinité. Que ferait-on alors de toutes les autres ? En conséquence il faut combattre par tous les moyens le peuple qui a un tel dieu ; même si comme Sénèque le dit : le mal est fait "le vaincu a donné ses lois aux vainqueurs.

Pourtant la citation qui termine la dernière partie celle de Rutilus Namatianus date de quatre cent après Jésus Christ. Le Christianisme a conquis l’Empire,c’est un monothéisme ,mais il n’ a pas altéré la violence du discours porté sur les Juifs. La religion chrétienne confrontée à la concurrence juive semble avoir repris à son compte les propos des anciens.

Ce qui est frappant c’est de voir que toute l’argumentation de l’anti sémitisme moderne est déjà présente chez les anciens : le meurtre rituel comme dans le Protocole des Sages de Sion ; le vaincu parasitant le vainqueur comme dans le Nazisme

S’il n’est pas construit de façon aussi systématique que dans les écrits nationaux socialistes il n’en est pas moins effrayant .

Que faire devant un mal aux racines si profondes,si anciennes.

ps : Septembre 2003. Je viens de trouver la conclusion de ce texte sur le site des révisionnistes français. Il est évident que je n’y suis pour rien, que je n’ai rien à faire avec ces gens. Parfois il vaut mieux dire les choses.